lundi 14 décembre 2020

CRÉER UNE FAMILLE avec les enfants des autres.

La famille recomposée progresse d'année en année. 

À force de séparation et de divorce, c'est une configuration familiale courante pour les générations à venir. 
Pour la première fois depuis plusieurs décennies, la part de familles recomposées dan la population s’est stabilisée en France. 
L'INSEE (institut national de la statistique et des études économiques), a en effet comptabilisé 723 000 familles de ce type en 2019, soit 9 % de l’ensemble, proportion identique à celle de 2011. 
La part d’enfants vivant dans une famille recomposée, qui avait plus que doublé entre le milieu des années 1980 et le début des années 2010, de 5 % à 11 %, c’est elle aussi stabilisée entre 2011 et 2019, autour de 11 %. 
Au total, ces familles recomposées – formées d’un couple et d’au moins un enfant issu d’une union précédente – rassemblent 1,5 millions d’enfants alors que trois millions vivent dans une famille monoparentale et 9,5 millions dans une famille dite « traditionnelle ». 
La moitié des familles recomposées ne compte pas d’enfants du couple lui-même, mais uniquement des enfants d’unions précédentes. Dans 44 % des cas, il s’agit d’un couple avec seulement un ou des enfants de l’une des unions précédentes, dans 8 % des cas des enfants de chacun des deux conjoints. 
L’autre moitié comprend des enfants du couple, essentiellement avec au moins un enfant d’un seul des conjoints (46 %) et beaucoup plus rarement d’enfants des deux conjoints (2 %). 
Les beaux-parents qui vivent avec des enfants de leur conjoint sont aux trois-quarts des beaux-pères. Ceci est lié au fait qu’après une séparation, les enfants habitent plus souvent avec leur mère, et donc plus souvent aussi avec un beau-père. 
Les enfants qui résident avec leur père et une belle-mère sont moins nombreux. 
Au total, les enfants vivant dans une famille recomposée sont à 45 % des enfants qui vivent avec leur mère et un beau-père, 18 % avec leur père et une belle-mère et pour 36 % des enfants du couple qui vivent avec leurs deux parents, mais aussi des demi-frères ou demi-sœurs d’une précédente union. On constate que la réussite d'une famille recomposée est un véritable défi auquel très peu de couples sont préparés. 



          Aux États-Unis, un divorce est prononcé toutes les 13 secondes, soit environ 2 419 200 dissolutions de mariages par an. Une étude américaine de 2019 (US Census Bureau) montre que le taux de divorce après un premier mariage est d'environ 50 % et que le taux de divorce monte autour de 60 % à 65 % pour les deuxièmes mariages quand au moins un des partenaires à un ou plusieurs enfants. 
Il existe, bien sûr, de nombreuses situations où une famille recomposée ne pose aucun problème, mais ceci est malheureusement loin d'être parfait pour tout le monde. 
Une famille recomposée existe, car un homme et une femme sont, un jour, tombés amoureux l'un de l'autre et a décidé de former un couple. 
Il se trouve que l'un ou l'autre ou les deux ont une vie passée avec un ou plusieurs enfants. Le jeune couple encore très fragile et vulnérable, dans une phase de découverte de l'un et de l'autre se retrouve, à gérer la complexité d'une famille nombreuse, alors même qu'ils n'ont pas encore eu le temps de véritablement sécuriser les bases de leur propre relation. 


Le couple se retrouve à gérer les relations entre les enfants et le beau-parent. 
Toute leur attention est littéralement happée, au détriment de la construction sereine de leur couple. 
Généralement, quand un homme rencontre une femme, ils ont le temps de bien se connaître, avant l'arrivée de leur premier enfant. 
Dans une famille recomposée, cette transition en douceur n'existe pas et cela est un des fondements des difficultés rencontrées. 
C'est aussi un choix non consenti, on tombe amoureux d'un homme ou d'une femme, mais nous ne savons pas si nous allons aimer les enfants nés de leur première relation. 
C'est réciproque pour les enfants. La situation leur est imposée, alors même qu'ils doivent maintenant vivre ensemble et partager leur intimité. 
L'arrivée d'une personne aimante dans leur foyer vient perturber un équilibre acquis depuis des années, voir des mois après le divorce des parents ou le décès d'un des parents. 
Il est demandé aux enfants de s'adapter à une nouvelle situation. 
Même si le beau-parent est la personne la plus délicieuse au monde, son arrivée pose problème. 
Néanmoins, le beau-parent pense que c'est effectivement lui le problème, en prenant les choses à cœur comme une attaque et un reproche très personnelle. 


On oublie souvent que les beaux-parents vivent cette situation souvent de la même façon que les enfants. 
Ils ne savent pas s'ils seront aimés. On demande à l'adulte de s'adapter à une famille qui n'est pas la sienne. 
Le beau-parent a très souvent d'énormes doutes sur sa légitimité au sein de cette famille. 
Beaucoup de beaux-parents décrivent un sentiment d'exclusion plus ou moins désigné de la part des enfants qui n'acceptent pas qu'un étranger s'immisce dans leur vie et qu'il exerce sur eux sont l'autorité. 
Ce délicat sentiment d'infériorité peut conduire ce beau-parent à vouloir trop en faire. On voit souvent des beaux-pères ou des belles-mères se plier en quatre pour se faire accepter dans la famille de leur conjoint sans pour autant recevoir la moindre reconnaissance pour tous les efforts qu'ils déploient. 
Il peut ressentir un véritable épuisement psychique, un sentiment d'impuissance, de perte de contrôle de son existence ou une grande solitude. L'autorité est un des problématiques de la famille recomposée. 



Les enfants tolèrent rarement l'autorité d'un adulte qui, à leurs yeux, n'a pas la légitimité de leur imposer quoi que ce soit. Cela signifie que, pour le beau-parent, il doit établir, en premier lieu, un rapport de confiance avec l'enfant. 
Ce qui n'est pas gagné au début de la relation... Pourtant, c'est uniquement sur cette base que l'enfant acceptera l'autorité de l'adulte. Le parent biologique doit comprendre que c'est essentiellement par lui que son compagnon va devenir légitime aux yeux de ses enfants en matière d'autorité. 
Le parent doit soutenir son partenaire dans les décisions qu'il prend, même s'il n'est pas à 100 % d'accord. 

On constate que, sans ce soutien constant, les relations de couple explosent, car le beau-parent se sent abandonné, sans protection face aux assauts des enfants de son conjoint...